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Depuis leur lancement il y a quelques années, les IA génératives, telles que ChatGPT, séduisent un nombre grandissant de professionnels. En France, environ 9 % des entreprises de moins de 50 salariés et 33 % des sociétés de plus de 250 employés utilisent cette technologie, selon l’INSEE. Si l’intelligence artificielle permet, entre autres, d’améliorer significativement la productivité des employés, elle suscite aussi de l’inquiétude. En effet, sa capacité à automatiser plusieurs tâches et créer divers types de contenus (écrits, visuels, audio, etc.) pourrait avoir des répercussions non négligeables sur de nombreuses professions.
L’impact de l’intelligence artificielle diffère en fonction des métiers et des genres
Des chiffres issus d’une étude réalisée par Janine Berg, une économiste à l’Organisation internationale du Travail de l’ONU, et publiés sur la revue de l’Institut polytechnique de Paris montrent que l’impact de l’intelligence artificielle diffère en fonction des professions et des genres. Selon elle, les emplois administratifs sont les plus exposés et les tâches réalisées par les employés des centres d’appel, les secrétaires et les opérateurs de saisie pourraient être automatisées dans un avenir proche. Ce qui entraînerait de nombreuses suppressions de postes.
D’après l’économiste et son équipe, 2,3 % des emplois dans le monde (approximativement 75 millions) pourraient être touchés par l’intelligence artificielle générative. Concernant les différences entre les genres, 7,8 % des postes occupés par des femmes dans les pays riches sont particulièrement exposés à des risques d’automatisation. D’autre part, 2,9 % des emplois masculins pourraient être impactés par l’intelligence artificielle générative. Cet important écart s’explique par le fait que la gent féminine occupe généralement des postes administratifs qui nécessitent peu de qualifications.
Des différences entre les pays
Toujours d’après l’étude de Janine Berg et de son équipe, l’impact de l’intelligence artificielle sur les emplois est différent en fonction des régions du monde. Dans les pays à faibles revenus, seulement 0,4 % des emplois seraient exposés à des risques d’automatisation, contre 5,5 % dans les pays riches. Pour l’experte, cette exposition limitée aux risques d’automatisation est causée par le coût trop élevé de la technologie pour de nombreuses entreprises, mais également par le débit souvent faible de la connexion internet et le mauvais approvisionnement en électricité.
Certes, dans les pays du Sud, la majorité des salariés ne devraient pas être remplacés par l’IA dans les années à venir. Cependant, cela pourrait entraîner une fracture au niveau de la productivité entre eux et les pays à revenus élevés, selon l’économiste.

Des inquiétudes concernant les données collectées pour l’IA
Outre les problèmes relatifs aux suppressions d’emplois, de nombreux salariés sont inquiets concernant la collecte de données liée à l’intelligence artificielle. Dans le secteur de la finance, par exemple, 62 % des employés ont ressenti une augmentation de la pression au travail et ont fait part de leurs inquiétudes quant à l’impact de la collecte d’informations sur leur vie privée, d’après l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques).
Par ailleurs, 58 % d’entre eux ont exprimé leurs craintes concernant une quantité trop importante de données collectées pour l’intelligence artificielle et la probabilité que celles-ci soient utilisées pour prendre des décisions qui pourraient jouer en leur défaveur.
Quelques impacts positifs sur les salariés
Bien qu’elle suscite des inquiétudes, l’intelligence artificielle générative a quelques impacts positifs sur l’emploi. Les statistiques de l’OCDE montrent que quatre salariés sur cinq travaillant dans les secteurs de la finance et de l’industrie manufacturière ont constaté une augmentation de leurs performances grâce à l’IA.
D’autre part, trois travailleurs sur cinq ont déclaré que le déploiement de cette technologie dans leur entreprise a entraîné une amélioration du plaisir au travail. En d’autres termes, l’intelligence artificielle pourrait constituer une solution pour préserver la santé mentale et physique des salariés.
Pour Janine Berg, « l’IA générative n’est fondamentalement ni positive ni négative ». Elle estime toutefois qu’en l’absence de mesures adaptées, de nombreux emplois vont disparaître et les conditions de travail vont se détériorer.
