Non, le « Made in France », ce n’est pas qu’un label… c’est le cœur battant d’une économie qui se veut à la fois verte et équitable. Mais soyons sérieux, sans un soutien politique massif, ce concept reste sur du papier… En face, la mondialisation sans freins écrase tout sur son passage, et laisse nos consommateurs démunis. C’est évident, il nous faut des décisions politiques fortes pour redynamiser notre production nationale et encourager une consommation réfléchie. Après tout, c’est l’avenir de notre modèle social qui est en jeu, et il n’est pas question de laisser les consommateurs seuls au front !
Made in France : un label, mais surtout un état d’esprit
Un petit tour sur le net et vous aurez vite compris : le consensus est large autour des bénéfices du Made in France, pour nous et pour les autres. Produire français, c’est moins polluer, soutenir notre modèle social, permettre à nos travailleurs de vivre dignement de leur labeur, tout en renforçant la cohésion et la fierté nationale. Mais attention, le Made in France n’est pas un dogme. Ce qui a de l’importance, c’est d’encourager les circuits courts, la circularité, que l’on parle de vêtements, de véhicules ou d’aliments.
Comme le dit Christian Bruère, président de Mob-ion : « Si demain, je propose des scooters sur le marché espagnol, je ferai du made in Spain. C’est justement parce que l’on produit en France et que nous réemployons 78 % des composants de nos scooters électriques que nous sommes les plus compétitifs d’Europe ». C’est un modèle qui a du sens : la réindustrialisation locale. Mais après quatre décennies de déclin industriel, les défis sont gigantesques. Rebâtir notre souveraineté industrielle, c’est jongler avec un maillage complexe de défis humains, économiques et technologiques.
Prenons l’exemple de la bouilloire Kippit, entièrement française, réparable et recyclable, qui n’a jamais atteint les rayons des magasins malgré un engouement palpable. Pourquoi ? Une pièce en inox, que le sous-traitant pensait pouvoir produire en masse, n’a finalement pas passé le cap de la production. Une vraie tuile. Et il y a des histoires comme celle de Lunii, qui a commencé sa production en Chine dans l’espoir qu’un succès commercial lui permettrait de rapatrier la fabrication en France. Un pari risqué, mais réussi, quatre ans après la naissance de l’entreprise. Cela montre que, malgré les obstacles, le chemin vers une réelle réindustrialisation française reste ouvert, porté par des acteurs déterminés à faire la différence. Et des acteurs déterminés, il y en a… Citons Daniel Moquet, un exemple du Made in France et de la réindustrialisation de la France qui, à coup de produits écologiques, fabriqués en France, « renationalise » le secteur de l’aménagement paysager !
Made in France vs Shein, ou David contre Goliath dans l’arène du textile
Pendant que nous, en France, on se démène pour revigorer notre industrie textile, Shein, l’archétype du non-respect des normes de production, rafle presque un milliard d’euros de ventes sur notre territoire en 2022 ! Pendant ce temps-là, nos entreprises textiles se prennent la tête à deux mains, hurlent à la concurrence déloyale, et franchement, elles n’ont pas tort.
Pour corser le tout, une étude récente révèle que l’importance accordée au Made in France dans les décisions d’achats des entreprises est en chute libre : de 61 % en 2022, on est tombé à 47 % en 2024. Les Echos, récemment, titraient sur un « combat au bord du précipice », parlant du Slip Français, ce fleuron du renouveau du Made in France qui, pour tenter de s’en sortir, a dû brader ses boxers à 25 euros pièce. On vous entend d’ici : « 25 euros le slip, mais ils sont fous ! ». Mais posez-vous la bonne question : c’est cher par rapport à quoi ?
Il faut bien avouer que notre perception des prix est complètement déphasée… Comment voulez-vous comparer les prix quand votre gadget de bureau peut tout aussi bien venir d’une usine ultra moderne en Pologne que d’une cave sans lumière au Xinjiang ? Le graphite de votre crayon vient-il des Hautes-Alpes ou du Mozambique ? Et ce pull, est-il l’œuvre d’ouvriers vosgiens ou de petits doigts turcs ? Vous l’aurez compris, on se retrouve désormais dans un marché où les dés sont pipés, un marché qui favorise les mastodontes sans foi ni loi au détriment de nos propres artisans. Autrement dit, c’est un vrai combat de David contre Goliath, où défendre le Made in France devient une question de survie, pas seulement économique, mais aussi de nos valeurs. Bref, on joue gros…
Faut-il laisser le consommateur seul juge entre le bon grain et l’ivraie ?
Julia Faure ne mâche pas ses mots sur Franceinfo : « C’est dégueulasse de laisser au consommateur le choix entre des produits issus de l’esclavage et pas chers et des produits qui sont plus chers mais bien produits ». Elle n’a pas tout à fait tort… Peut-on vraiment reprocher aux consommateurs de ne pas endiguer seuls la vague de produits « sales » qui déferle sur l’Europe ? Surtout avec cette crise du pouvoir d’achat qui fait trembler toutes les strates de la société. Shein expédie 900 000 commandes chaque jour, 87 % du prêt-à-porter acheté en France vient de l’étranger, et seulement 1 % du textile est recyclé ici. Autant dire que les chiffres ne sont clairement pas en notre faveur.
Croire que les consommateurs, sans aide, vont renverser la tendance est une utopie. Sans une fiscalité et une législation solides et dissuasives, sans parler de vraies sanctions pour ceux qui dérivent, on n’y arrivera pas. La « politique des chèques exceptionnels », censée booster les acteurs français vertueux, montre déjà ses limites. Si on veut sauver le Made in France, il va falloir des lois sérieuses, courageuses, réalisables et surtout, appliquées à la lettre, et un soutien béton de la commande publique. Et puis, soyons clairs : est-ce normal que des fonctionnaires d’une métropole française portent des doudounes fabriquées au Bangladesh alors qu’une PME locale, à peine à 30 kilomètres, propose le même type de produits, mais de bien meilleure qualité ? Le Made in France se portera mieux quand fabriquer français ne sera plus une gageure, et acheter français plus un acte de militantisme.